C'est rare qu'on arrive à tous les mettre d'accord, nos politiques. C'est pourtant ce que Nicolas Hulot a réussi à faire, et ce matin, ils étaient une dizaine à venir signer son pacte écologique, même Dominique Voynet. Ah bon ? La candidate des Verts, le parti qui décriait tant celui qui, pour eux, n'était qu'un présentateur qui cherchait un nouveau moyen de se faire de la pub ? Elle était là elle aussi, oui oui !

Joli coup de la part de Nicolas Hulot. On pourra leur mettre ce document sous le nez s'ils ne respectent pas leurs engagements. Certes, de nombreuses promesses ne sont jamais tenues, mais là, il y a un engagement symbolique qui, d'un point de vue purement médiatique, pourrait avoir plus d'impact.

Déjà les Enfants de Don Quichotte avaient réussi à mettre presque tout le monde de leur côté, il y a quelques semaines. Eux aussi avaient su utiliser les médias de manière assez habile. Nos candidats savent jouer avec les caméras et les responsables d'associations diverses et variées s'y mettent enfin. D'ailleurs, Coluche et avant lui l'abbé Pierre avaient compris le pouvoir de la télévision.

Alors ça donne des idées. Le pacte écologique a fait un petit : le pacte pour la justice. Cette fois, c'est l'Union Syndicale de la Magistrature qui a pris cette initiative. On sait que, comme de nombreux autres domaines, la justice manque de moyens. Alors ils espèrent que la population les suivra et que les candidats se sentiront presque contraints de signer quelques engagements.

Mais dites donc... Si on fait la liste de tout ce qui ne va pas, on va pouvoir leur en proposer pas mal des pactes : l'emploi, l'éducation, le pouvoir d'achat, la sécurité, le milieu hospitalier, et j'en passe !

Et une fois qu'ils les auront tous signés, ils auront tous le même programme. Un programme clés en main ? J'en connais une que ça arrangera...

Où est mon téléphone ? Vite ! C'est quoi déjà le numéro de la police ? Ou la gendarmerie, je m'en fous moi ! Appelez qui vous voulez... Le GIGN, s'il le faut ou même l'armée ! Faites venir les avions que personne ne nous achète, que les chars Leclercq roulent jusqu'à moi, même nos porte-avions peuvent venir... s'ils y arrivent !

Ce matin, on m'a piqué mon vélo. Ca mérite bien une mobilisation de toutes les forces du pays, non ? Quoi la défense nationale ? La paix peut attendre, je veux qu'on retrouve mon vélo.

Alors comme ça, on met tout en oeuvre pour retrouver le scooter du fils du ministre de l'Intérieur et pour moi, rien ? Même pas une petite analyse ADN de tout les gens de mon quartier ? Je m'en moque que ça coûte une fortune tout ça. Même si ça devait coûter le prix de 1000 vélos, il faut me le retrouver.

Bon... Je crois que je vais devoir me résigner. Mon vélo restera dans l'immense majorité des cycles volés qu'on ne retrouve jamais. Je comprends même qu'on ne puisse mobiliser tant de monde pour un vélo ou un scooter.

Mais c'est fou quand même cette histoire. C'est vrai, on aurait pu en acheter combien des scooters avec tout ce que ça a coûté ? Et pourquoi on consacre tant d'énergie sous prétexte que c'est le scooter du fils d'un ministre ? C'est qu'un vol de scooter, pas un enlèvement !

Ah... Finalement, y pas que les vélos et les scooters qui ont plusieurs vitesses. La justice aussi.

Ce n'est pas possible. Ca ne peut pas continuer comme cela. Les hommes politiques sont sérieux et raisonnables. Ils vont retrouver le chemin de la raison, c'est certain.

Je sais, c'est moi qui ne suis pas raisonnable sur ce coup-là. Comment ai-je pu croire ne serait-ce qu'un instant que tout aller rentrer dans l'ordre ? Faut que j'arrête de rêver. I have a dream...

Si vous, vous profitez du week-end pour vous reposer, sachez que l'homme politique ne fait pas comme vous. C'est un animal étrange qui n'hiberne pas lorsqu'il s'agit de critiquer ses adversaires, quitte à dire n'importe quoi.

Ils ont recommencé ce week-end, vous avez vu ? Ségolène était à la Guadeloupe et le scandale a traversé l'océan pour venir exploser ici.

Dans un élan de démagogie, Ségolène a prononcé quelques mots en Créole : « nou ké cassé ça ». C'est ça qui aurait dû les faire réagir à l'UMP. C'est pas quelques paroles en créole qu'il faut leur donner... C'est d'aide, de moyens, de respect qu'ils ont besoin.

Toujours est-il que de l'autre côté, ils ont bondi sur l'occasion pour la critiquer une fois de plus. « Nou ké cassé ça »??? Casser quoi ? La République ? Non, Madame, vous ne toucherez pas à la République !

Les Français sont prévenus. Ségolène est une révolutionnaire. Elle veut tout péter. Nous qui pensions que l'extrême gauche aurait du mal à figurer au deuxième tour... Ils vont se retrouver avec une présidente à ce rythme-là !

Sauf que voilà... Dans la précipitation, ils ont commis une erreur, comme le rappelait M. Lurel, député de la Guadeloupe, hier. Cette phrase veut simplement dire : « changer les choses ». Et du changement, ils en ont besoin, c'est évident. C'est pas tout à fait pareil que « tout casser », vous trouvez pas ?

A vouloir aller trop vite, certains de nos politiques condamnent sans savoir. Mais nous votons dans trois mois, et croyez-nous, « nou ké cassé ça » !

On a eu plusieurs fois l'occasion de s'intéresser aux sondages depuis la création de ce blog. Grâce à eux, nous savons depuis belle lurette qu'il ne sert de suivre la campagne, ni même de se déplacer lors du premier tour, puisqu'il est déjà joué ! Moi qui hésitais entre une balade au marché et un détour par le bureau de vote, me voilà soulagé. J'aurais droit à mes tomates et mes poireaux de chez Madame Michu et mon week-end ne sera pas gâché.

Ah les sondages... Pourtant, vous savez que ça fait quelques années que, suite à des surprises plutôt fâcheuses, nous mettons en doute la valeur des sondages, et malgré tout, nous continuons de les attendre avec impatience et de les suivre avec intérêt.

Les sondages, parole divine ? Dans ce cas, je ne sais pas si le vin de messe était particulièrement chargé ce jour-là, mais le message qu'on nous a généreusement délivré hier était plutôt... déroutant. Veuillez entrer avec moi dans le monde merveilleux des sondages à la noix.

Les questions portaient sur François Bayrou. Là, au moins, ça doit lui faire plaisir et nous, on est vachement surpris, car on croyait qu'il avait déjà perdu le premier tour... En tout cas, on a posé, à près de 1000 français, des questions sur le candidat de l'UDF. Il existe encore, donc.

75% des personnes interrogées le trouvent courageux. Bon. Oui, on peut le dire, il est courageux. Il faut quand même être tenace pour continuer à y croire. Lui-même se présente comme le troisième homme... Une surprise au premier tour ? Et s'il avait raison d'y croire ?

53% des Français, pensent qu'il est au centre. Là, je dois dire que nos compatriotes sont perspicaces. Bravo.

Ca se complique quand on s'intéresse aux 47% qui restent. Ils le situent où, François ? Eh bien, 11% disent qu'il est de gauche (sûrement des sympathisants UMP ou du FN) et 10% pensent qu'il est de droite (sûrement l'avis de militants du PS, du PC ou de l'extrême gauche, donc).

Alors... Je compte : 53+11+10 = 74%. Il reste donc 26%. Ils pensent quoi les 26% ? Sont-ce les gens qui ne se prononcent pas ? Ca semble logique, après tout. Eh non... Ca serait trop simple. Seules 4% des personnes interrogées ne se sont pas prononcées.

Mais alors, les 22% qui restent ? Ils ne le voient ni à gauche, ni à droite, et donc, ni au centre. Mais il est où François Bayrou alors ? Pour reprendre une réplique célèbre : il n'est ni à droite, ni à gauche, il est là où on le pose !

A l'aide ! Je ne suis pas une célébrité, mais sortez-moi de là quand même ! Je n'en peux plus. Jamais une campagne ne m'avait autant fatigué. Je suis sur les rotules. Vivement dans trois mois, qu'on en finisse !

Le dernier rebondissement en date, le coup de fil entre le faux premier ministre canadien Gérald Dahan et Ségolène, a été à deux doigts de m'achever. Ca aurait pu être drôle si ça n'était venu discréditer un peu plus la politique.

Certes, la classe politique y arrive souvent toute seule, mais en pleine période électorale, surtout après 2002, je crois que certaines blagues sont de mauvais goût. Mais avouons que demander à Gérald Dahan un semblant de bon goût, c'est comme attendre de Bernadette qu'elle s'habille en gothique (allez, je vous laisse quelques secondes pour imaginer la scène : 1....2....3....4....5....6....7....8....9....10.... Stop, ne soyez pas trop gourmands !) ou de Jack Lang qu'il tourne le dos à une caméra, ou encore de Devedjian qu'il parle sans langue de bois...

La naïveté de Ségolène et la réaction de Sarko m'énervent aussi. Tous, je vous dis ! Ils me gonflent tous.

Ségolène, alors qu'elle est dans la tourmente, sort la première blague qui lui passe par la tête à un mec qui n'est pas censé avoir apprécié sa sortie sur le Québec. Quant à Nicolas, il se pose en donneur de leçons. On ne plaisante pas avec la Corse !

Et pourtant, vous croyez quoi ? Dans le privé, même avec les journalistes mais hors micro, tous nos hommes politiques font la même chose : ça commente et critique à tout va. Je n'ose croire une seule seconde que Sarkozy n'a jamais fait une telle boutade sur la Corse ou sur une autre question tout aussi importante.

D'ailleurs, question blague de mauvais goût, il a fait bien pire, non ? Et sa visite aux USA pendant laquelle il s'est permis de critiquer la position de la France vis-à-vis de ses amis américains avant la guerre en Irak ? C'était pas une insulte à la France, ça ?

Plus les jours passent et plus je suis perdu. Ces deux-là me fatiguent tellement que si les sondages devaient avoir raison, le soir du 2e tour, quel que soit le résultat, comment vous dire... je serai aussi heureux que si on m'obligeait à voir un spectacle de Gérald Dahan !

Jusqu'au 2e tour, retrouvez blogitiquement correct tous les jours. Puis il se transformera en journal bilan de la semaine écoulée !

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