Non, je ne me lance pas dans la pseudo chanson militante, vous savez, celle dont le message a de quoi nous bouleverser et qui révèle le courage sans bornes de ses interprètes : « la guerre c'est méchant, le racisme c'est pas joli et les enfants c'est notre avenir. » Waouh ! Je ne sais pas si j'oserais mener un tel combat de manière aussi violente...

Ce n'est pas moi qui dis que j'en ai marre de la guerre, ce sont nos compatriotes en général. Je sais, y a pas de guerre chez nous, on n'a pas trop de raisons d'en avoir assez... Mais moi, je vous parle de la guerre à la télé, dans les infos, celle que les autres subissent.

Eh oui, on nous a interrogés (encore un sondage) pour savoir quelle perception nous avions des infos dont la télé, la radio et la presse écrite nous font part chaque jour. D'abord, on constate que c'est la radio qui recueille le plus haut taux de confiance tandis qu'on a tendance à ne pas trop croire ce que la télé nous sert. Fini le « il faut le voir pour le croire », nous sommes dans l'ère du « il faut l'entendre pour le croire ».

Ca fait pas mal de temps que c'est comme ça, en fait. Mais ça n'empêche pas des millions de personnes de regarder le JT religieusement.

Je disais donc qu'une majorité de Français en a marre de la guerre. Vous me direz que c'est normal, que ces conflits qui déchirent l'Irak et le Darfour sont insoutenables. Mais, je crois qu'on ne se comprend pas bien. Ce sondage révèle que les Français en ont marre qu'on leur parle de la guerre en Irak à la télé. On en fait trop, faudrait arrêter un peu !

A croire qu'on préfère les images du tailleur de pierre de Saint Fernand sur L'Ignoire ou du peintre sur pots en terre cuite de la petite bourgade du Jucignol en Artois.

Evidemment, ce n'est pas marrant tous les jours de voir ces images de guerre, ces attentats sanglants. On aimerait que les JT nous parlent davantage de ce qui va bien, je suis d'accord. Mais il est quand même terrible qu'on se soit habitués à ces carnages quotidiens au point d'en avoir assez qu'on ose encore nous en parler.

Depuis le 1er janvier, en moyenne, 100 personnes meurent chaque jour en Irak. Je ne crois pas qu'il soit honteux qu'on en parle.

Hier, je vous parlais de tous ces sondages qui hantent les médias. Y en a un autre qui m'a amusé et qu'on nous sert chaque mois : la côte de popularité de notre président et de son premier ministre...

Je dois dire que je ne savais plus qu'ils existaient encore. Vous avez remarqué ? Avant, on en parlait au moins pour nous dire qu'ils critiquaient Sarkozy. Mais depuis son investiture, le ministre de l'Intérieur est tranquille. Ses ennemis jurés de la majorité se sont calmés.

J'exagère... On a parlé de Chirac ces derniers temps. Mais si, rappelez-vous... Il était interviewé dans l'émission de Drucker, même que c'était sa femme Bernadette qui était invitée. Ne dites pas que vous n'avez pas regardé, c'est la meilleure audience de l'émission depuis sa création !

Toujours est-il que la popularité de ces deux hommes est en hausse. Pour Chirac, c'est un gain de plusieurs points. Mais pourquoi ? Faut-il se faire oublier pour qu'on vous aime davantage ? Ou les Français ont-ils tendance à aimer celui qu'ils ne verront probablement plus dans deux mois ?

J'ai souvent remarqué que ces chutes ou bonds dans les sondages n'étaient en rien liés à l'actualité. Souvent on se demande pourquoi la population a changé d'avis. Ou serait-ce encore le signe d'une étude imprécise ?

En tout cas, s'il suffit de ne rien faire pour qu'on vous aime davantage, c'est dangereux les sondages ! Ce serait presque une incitation à l'inaction...

Comme souvent, nous avons eu droit à un nouveau sondage aujourd'hui. Je dis souvent, car en fait, c'est le 18e ou le 19e depuis le 14 janvier. On en a 4 à 5 par semaine... Pas mal, non ?

Qui veut mon nouveau sondage ? J'ai appelé 807 personnes pour le faire, c'est du bon, il brille encore. Attention, il n'y en aura pas pour tout le monde ! Pour le prochain, il faudra attendre au moins... ouh la la... deux jours !

Je ne sais pas pourquoi on en fait autant. La peur du vide peut-être. Il faut absolument qu'on nous pose des questions tous les jours pour être sûr de ne pas rater le moment où nous aurons enfin un léger frémissement.

Ca n'a pas vraiment d'autre intérêt, car les analyses que j'ai pu trouver de ce même sondage sont presque contraires. Ca n'est pas radicalement différent, mais comment dire... c'est un peu comme le verre à moitié vide ou à moitié plein.

Je m'explique : l'écart entre Ségolène Royal et Nicolas Sarkozy s'est réduit d'un point. Pour certains, Ségolène reprend du poil de la bête, tandis que d'autres insistent sur le fait que ce n'est qu'un tout petit point et que la domination de Sarkozy n'est pas menacée, que ça ne représente pas grand chose.

Pas grand chose... C'est ça le problème. C'est le genre d'infos qui ne nous disent rien. Un point, en effet, ce n'est pas un retournement de situation, mais on nous commente les sondages comme s'ils représentaient une révélation, un scoop, un truc incroyable.

Ce qu'il ne faut pas oublier dans tout ça, c'est que la seule chose qui serait vraiment incroyable, ce serait que les sondages ne se trompent pas. Ca fait des années qu'on attend ça !

Je ne sais pas si on m'entend bien, là... Je répète : « QUI PAYE ?!? » Comment ça, qui paye quoi ? Ben dites-moi, comment on fait pour payer tout ça ? Je l'ai déjà posée, cette question, je le sais. Le problème c'est qu'il soit nécessaire de la poser encore alors que presque tous nos candidats déclarés nous ont annoncé leurs objectifs.

Hier, c'était le tour de Royal et le soir même, toute la classe politique, hors PS évidemment, lui tombait dessus.

La droite, notamment, a raison de la poser cette question. Elle oublie simplement qu'on n'a pas eu beaucoup plus de détails avec les interventions de Sarkozy...

Maintenant que l'on connait l'orientation de leur politique, j'aimerais qu'ils nous parlent tous du budget. Où prend-on de l'argent pour le dépenser ailleurs ?

Si le jeu consiste uniquement à annoncer des trucs intenables mais qui font plaisir, je peux le faire aussi, vous savez. Allez, on y va, on y va, embarquez ! Ne poussez pas, y aura de la place pour tout le monde !

Le smic ? Je propose qu'il passe à 1500 euros, sauf que moi c'est en salaire net, pas en brut (et paf pour Ségolène !). Cette mesure est normale, le salaire doit nous permettre de vivre, pas uniquement de survivre.

Pour les jeunes, je propose que tous les ados reçoivent une voiture d'une valeur de 10000 euros lorsqu'ils atteignent la majorité. C'est devenu un outil indispensable pour trouver du boulot. C'est démago ? Oui, justement !

Pour les anciens, comme je comprends qu'on puisse en avoir marre de bosser après 50 ans et que de toute façon plus personne ne veut de vous quand vous les avez dépassés, je propose qu'on avance l'âge de la retraite à 50 ans pour tous ! Ca coûtera cher ? Ne vous inquiétez pas, on trouvera !

Pour lutter contre la pollution et améliorer la circulation dans Paris, je propose la gratuité de tous les transports en commun. Ca entre en contradiction avec la voiture pour tous les ados ? Les contradictions ne me font pas peur !

L'insécurité ? Un flic à chaque coin de rue ! Quoi état policier et dérive sécuritaire ? Faudrait savoir ce que vous voulez !

Les impôts vont baisser, mais je vous promets d'augmenter les dépenses publiques. Contradictoire ? Oh, mais non !

Allez, je vous laisse, je dois encore trouver 95 propositions. Ca en fera 101, une de plus que le PS. Je vous avez dit que je ferais mieux que les autres !

Imaginez un peu la scène : ce soir, vous organisez une petite fête. Ca fait des mois que vous la préparez et tout le monde l'attend avec impatience. C'est votre soirée, c'est vous la vedette. Y aura du monde et vous espérez bien que tous vos voisins et amis en parleront encore des semaines. Ils vont adorer. Il le faut.

Mais voilà, votre éternel rival a prévu lui aussi d'inviter quelques amis chez lui. Aujourd'hui aussi, comme vous ! Mais pourquoi a-t-il choisi ce jour-là ? S'il n'annule pas, on parlera de lui aussi ! Il l'a fait exprès ou quoi ? Euh... Ben oui !

Il est futé ce Nicolas. Pas question pour lui de se faire voler la vedette, ne serait-ce qu'une journée. Si ses adversaires organisent un meeting un peu spécial, il faut qu'il fasse quelque chose, lui aussi. Certes, il risque d'y avoir moins de monde chez lui que chez Ségolène, mais ce n'est rien. On parlera de lui ce soir et il aura probablement une position de choix : celle du dernier qui parle.

C'est le dernier qui a parlé qui a raison... Eh oui... On nous parlera du programme tant attendu de Ségolène pendant quelques minutes, puis on parlera de Nicolas et de sa rencontre avec ceux qui se rallient à lui, de ses idées, de son programme, de l'union retrouvée à droite. Et comme ils se verront après le discours de Ségolène, ils pourront même le commenter à chaud.

En tout cas, maintenant que tous les deux nous ont fait part de leur programme, j'espère qu'on aura bientôt de vrais duels ou même des batailles générales entre tous les candidats en lice. Ras le bol des seconds couteaux qui débattent à leur place. Donnez-nous Royal, Sarkozy, Bayrou, Le Pen, Buffet, Bové, Laguiller, Voynet, Besancenot, et les autres et interrogez-les sur les mêmes problèmes. Et que chacun nous dise non seulement ce qu'il compte faire mais aussi, comment il compte y arriver.

Mais s'ils préfèrent les petites attaques souvent basses de ces dernières semaines, autant leur proposer de passer la vitesse supérieure : le vrai duel, les vrais coups. Fleuret ? Pistolet ? A mains nues ? Vous préférez quoi ?